La célèbre marque de vêtements d’hiver Canada Goose a confié à Mil Architecture l’identité de sa première boutique à Paris, dans le 8e. Originalité du projet : une chambre froide pour essayer les parkas à ‑25° sous la pluie et la neige. Klima a tout de même veillé à l’accueil chaleureux des clients.
Pour s’implanter en France, Canada Goose a choisi la prestigieuse rue Saint-Honoré et sollicité le studio d’architecture et de design Mil, spécialiste de la mise en valeur de boutiques de luxe et de flagship stores. Le studio Mil a notamment travaillé pour Dior, Balmain, Lanvin ou Balenciaga, à Paris comme à Monaco. « Avec Canada Goose, le brief de départ était important pour rapprocher les cultures nord-américaine et européenne, confie Stéphane Dieudonné, fondateur du studio Mil. Tout au long du projet parisien, nous avons ensuite défendu les options qui nous semblaient répondre le mieux aux intentions de la marque canadienne, qui souhaitait affirmer une identité de boutique de luxe. »
Une chambre froide qui produit de la neige
Principale difficulté du projet : un timing très serré pour ouvrir la boutique à temps pour les fêtes de fin d’année, en décembre 2019. Au départ, la marque canadienne envisage une chambre froide pour que ses clients puissent essayer les vêtements d’hiver dans des conditions atmosphériques extrêmes, jusqu’à -25°. « Pour avoir déjà fait des chambres froides et des labos, je sais qu’il n’y a rien de très compliqué », estime Stéphane Dieudonné. Mais l’idée d’une « boîte à neige » s’impose finalement à Canada Goose en cours de chantier…
« L’implantation technique est un peu différente, c’est un savoir-faire très spécifique, précise Stéphane Dieudonné. On a fait appel à une société suisse allemande dont la spécialité est de faire des canons à neige sur les pistes de ski. Tout un travail d’équipe s’est organisé dans un chantier en progression constante. »
Une installation de clim air-eau, refroidie par de l’eau glacée
D’un point de vue technique, ce chantier présentait quelques particularités. Benjamin, chargé d’affaires chez Klima, a géré l’installation du lot climatisation, après une réponse à appel d’offres classique, impliquant plusieurs corps d’état. « On a mis en place une installation air-eau, ce qui n’est pas très courant », raconte Benjamin. Habituellement, les groupes de clim sont en effet placés en extérieur, notamment sur les toitures, pour « respirer » et fonctionner correctement. Or, les groupes sont situés ici en sous-sol…
La solution retenue : Climespace, une filiale d’Engie qui développe pour la Ville de Paris le premier réseau de froid urbain en Europe. Une chance, le réseau d’eau froide de Climespace passe par l’immeuble. Climespace fournit donc de l’énergie à la boutique sous forme d’eau glacée à 5 °C. Dans le sous-sol du local, cette eau brute provenant de la Seine est réceptionnée. Une sous-station installée par Klima régule le système, car « les groupes doivent être alimentés avec une eau adoucie, la plus pure possible, et à une certaine température. Dans la sous-station, des échangeurs – des sortes de serpentins – sont chargés de perdre des calories », explique Benjamin. L’eau de retour réchauffée est ensuite réinjectée dans le réseau de Climespace, qui fonctionne en circuit fermé.
Dans la boutique, en dehors de la chambre froide qui atteint des températures extrêmes, Canada Goose souhaitait que la climatisation maintienne une atmosphère vivifiante pour apprécier ses différentes gammes de vêtements. Il n’en fallait pas moins assurer le confort des clients, et répondre aux exigences techniques comme les points de rosée, pour éviter la formation de buée par exemple.
Maintenir la température dans tous les espaces, sans zones défavorisées
Il a également fallu tenir compte de la grande différence de hauteur sous plafond entre le rez-de-chaussée (plus de 3 m) et l’étage de la boutique (moins de 2,70 m). « À l’étage, nous avons habillé la distribution hydraulique dans les murs hauts, ce que les entreprises compétentes savent faire correctement », juge l’architecte. Et, autre exigence qui va de soi, pour maintenir un même confort thermique dans tous les espaces, Klima a tenu compte des zones « défavorisées ». C’est-à-dire des zones où la portée de la clim est moins importante, et où il est toujours plus long de monter ou de descendre en température.
« Nous avons mis des sondes déportées pour prendre en compte toutes les zones défavorisées, souligne Benjamin. On place la sonde à l’endroit le plus défavorable, et on décide que cette sonde deviendra la référence. Cela réclame un plus gros débit au démarrage, mais on arrive plus vite en température et il n’y a pas de zones défavorisées. »
Respecter les délais et les impératifs du client
Le planning déjà très serré, réduit d’une quinzaine de jours pour satisfaire aux exigences d’ouverture du client, a nécessité une forte implication de tous les intervenants. Klima a ainsi organisé son travail avec une équipe de jour et une équipe de nuit. Les réglages initiaux de l’installation ont également nécessité une attention particulière. Mais depuis un an, tout semble fonctionner pour le mieux : Klima n’est intervenu que pour la maintenance habituelle comme le nettoyage des filtres. Il est vrai que l’instauration d’un climat de confiance avec l’architecte, le bureau d’études et l’installateur facilite toujours le bon déroulement d’un chantier.
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